Les bienfaits des off

Par Christophe Malardé - Entraîneur Trail et auteur du Guide du Trail et de la course nature

OFF – Encore un mot qui fait partie du jargon du traileur. OFF pour dire que l’on court et que l’on réalise un défi en dehors d’un cadre organisationnel fixé. Pas d’inscriptions, pas de dossards, pas de classement mais un bon challenge. Un challenge que vous préparez, qui vous correspond et que vous partagez avec des proches. Un moment à part dans une saison sportive normée par les compétitions mais que je vous invite à pratiquer très régulièrement. Pourquoi ? Je vous l’explique.

Se méfier des courses de préparation

Il y a un discours classique que l’on entend dans le peloton de trail  » Je suis là en préparation de … ». C’est même à mon goût trop classique ! L’offre de compétitions en trail est vaste. En tous lieux, sur tous les massifs, toute l’année et dans différents formats. Le point commun à tout cela est que vous portez un dossard. Point non négligeable puisqu’il vous place dans un cadre défini (tracé-assistance-règlement-barrières horaires). Lorsque des athlètes me demandent de prendre part à un événement  » juste pour faire les bornes », j’ai toujours des craintes et des réticences à leur donner mon aval.

A partir du moment où l’on porte ce dossard, malgré de la bonne volonté, il est difficile de se détacher totalement de la performance. Ils partiront à coup sûr sur des allures faciles, mais tôt ou tard, se prendront au jeu d’accélérer. Au final, 1 fois sur 2, ils reviennent avec un résultat. Ce n’est pas grave, c’est même dynamisant dans la préparation de ramener une bonne performance sans l’avoir voulu. Mais incontestablement ça crée de la fatigue. Et lorsqu’il faudra réaliser l’objectif, vous devrez en avoir de la fraîcheur. Ces pseudo-résultats vous les aurez oubliés si la course que vous préparez se termine avec un échec. Soyez donc prudent, et il y a un temps pour tout ! La compétition devrait être un point d’orgue, l’aboutissement d’une préparation. Par expérience, dans le cadre d’une préparation il faut faire le nécessaire mais ne jamais trop en faire.

L’entraînement idéal pour l’ultra

Vous préparez un ultra trail. Qu’on se le dise, et sans aucune méprise, mais si vous ne faites pas partie des premiers 5 ou 10% du peloton, votre trail sera plus proche d’une randonnée accélérée que de la course à pied. Se le dire, c’est se préparer en fonction. Dans tout plan d’entraînement, on retrouve 3 types d’allures. L’allure spécifique qui sera votre allure de course. Les allures supras qui permettent de faire remonter le niveau des allures spécifiques. Enfin les allures infras qui servent à se créer la base foncière et aident à récupérer ou assimiler les efforts des deux premiers registres.

Seulement lorsque votre course se court à une moyenne de 7kil/h et/ou à 60% de votre VO2 max..où se situent les allures infras ? Et bien, pas dans vos sorties longues dominicales de 2/3h, ni dans ce trail couru  » en prépa, pour les bornes ». Les allures infras vous les trouverez dans de la randonnée active, dans des rando-courses où le mot rando n’est pas galvaudé. Faire 7 heures de randonnées, en courant juste les descentes vous apportera un contenu important et que vous ne développerez nulle part ailleurs dans votre préparation. Alors oui pour moi, faire le GR20 en 5/6 jours ou passer une semaine de 10 jours à marcher avec votre sac de 15kg dans la montagne, est l’idéal pour se préparer à un ultra… surtout si vous prenez le temps de prendre des photos, de vous arrêter à un refuge boire un coca et qu’à midi vous sortez le saucisson ;-)). Par expérience, les athlètes qui s’engagent sur ce type de off en préparation d’un ultra en tirent toujours des bénéfices.

Courir avec les copains pour  »de vrai »

Je défends enfin l’idée qu’être traileur ce n’est pas juste accrocher 10 fois dans l’année un dossard, même sur les plus belles courses du circuit. C’est une pratique au quotidien, ou régulière, qui s’inscrit essentiellement dans votre environnement proche. Découvrir la nature, c’est d’abord explorer toutes les possibilités autour de chez vous…et ces possibilités sont nombreuses. Elles pourraient être support à de belles compétitions mais elles n’existent pas ! Alors tentez seul le défi.

Prendre le GR qui passe près de chez vous, et le poursuivre sur 5/6 jours, rejoindre un lieu emblématique de votre département ou région par un cheminement que vous allez créer. Traverser des massifs le temps d’une semaine ou d’un week-end prolongé. En étant traileur, nous avons cette chance de pouvoir compresser les distances et les parcours. Je me régale toujours à regarder ces panneaux de la FFRP où il est noté : Mont machin à 4h et que 2h plus tard avec votre équipement et évolution de traileur, vous êtes au sommet.

C’est une chance, un luxe. Il faut l’utiliser et c’est bien de parcourir tout ces espaces sans cette pression du chronométre. Vous apprendrez aussi l’autonomie, vous testerez votre matériel. Les off’s c’est enfin l’occasion de partager pour de vrai des aventures avec des amis et sur plusieurs jours…ce qui est plus rare en compétition. Pour  »de vrai » car vous n’aurez pas la pression du peloton qui vous double lorsque vous devrez attendre votre copain en difficulté… Vous l’attendrez vraiment. L’énervement n’arrivera pas ;-).

Dans une logique d’entraînement, je vous invite donc, dans la planification de votre prochaine saison, à définir ces moments dans votre calendrier, au même titre qu’une épreuve. Un off qui sera suffisamment espacé de l’objectif (4 à 5 semaines), qui reprendra les caractéristiques de l’épreuve en terme de terrain, de durée d’effort ou de kilométrage… ou qui ne reprendra rien parce que ce sera votre  »parenthèse inattendue  ». Celle qui vous titille l’esprit depuis quelques temps, celle que vous avez envie d’essayer juste pour voir, ou celle dans laquelle on vous entraîne. Ne la refusez pas !

Bon run!

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